LES 600 MILES 2002 LE VIGEANT |
|
Vendredi, départ à 4 heures du matin direction Le Vigeant, circuit du Val de Vienne. Objectif « Les 600 miles», endurance de huit heures. Génial ! ! ! Mon camion est plein à craquer : la 916 toute bichonnée , la 855 à moitié dépouillée pour les pièces de rechange, une cargaison d’outils, cette année, on a tout prévu. | |
11 heures, arrivée sur le circuit. On saute dans les combis pour une séance d’essai, histoire de se remémorer les trajectoires. La 916 commence à ronronner de plaisir et puis c’est la cata : le troisième pilote se sort dans un virage, la moto est en vrac dans les gravillons, le pilote évacué sur civière. Il est midi. Je le crois pas ! | |
Bon, pas de panique. Le pilote est remis sur pieds, il nous reste l’après midi pour refaire une moto. On n’est pas venu jusqu’ici pour regarder les autres tourner. |
|
Au boulot les mécanos, on mangera plus tard. | |
17 heures. La 855 est prête pour les contrôles techniques, quelques tours de piste pour voir si tout fonctionne et on n’aura pas volé un bon apéro. |
|
Samedi 8 heures, essais qualifs. Surtout ne pas se mettre au tas. Notre stock de pièces a pris une claque hier. On assure tranquillement. Et puis, la moto s’arrête, chaîne cassée, carter d’alternateur à changer. Et ça continue ! La pôle est en 1’53, ça tourne fort devant. Les mécanos se crachent dans les mains. Samedi soir, la moto est nickel. On est qualifié 46 sur 56, pas terrible, mais la course, c’est demain. |
|
Dimanche, 8 heures, warm up pour tout le monde .La pression monte d’un cran. Quelques tours de piste pour les derniers réglages, les mécanos ont installé le stand, tout est OK. Il se met à crachiner. Je le sens mal pour rouler en slicks, on va attendre le dernier moment pour voir. Et ça crachine toujours. On va partir en pneus mixtes. |
|
|
10 heures, la mise en épi pour le départ. On oublie les galères .Tous les teams sont sur le muret de la voie des stands, les pilotes commencent à s’impatienter. Pression maximale. |
Je regarde mon coéquipier qui prend le départ cette année. Panneau 30 secondes et le départ enfin ! Toutes les machines qui s’élancent dans un bruit d’enfer, c’est magique. |
|
Au bout de deux tours, une moto rentre dans le box à côté. On n’est pas les seuls à galérer. Mon coéquipier remonte bien dans le classement. Arrêt au stand pour ravitailler et changer de pilote, tout le monde est pile à son poste, impeccable. |
|
|
|
Quelques chutes. Je finis mon relais derrière le pace car. On est remonté à la dix-huitième place. Vivement le soleil qu’on puisse mettre gaz. | |
Trois heures de course, la piste sèche. Maintenant, ça attaque de partout. La moto marche du tonnerre mais dans un virage, je tire tout droit dans les graviers. Rentrée au stand. Les mécanos commençaient à s’ennuyer. On fait la chasse aux gravillons coulés un peu partout, du scotch sur les carénages et puisque le soleil pointe son nez, on passe les slicks. Je repars le couteau entre les dents. Et là, gros plaisir. Les chronos descendent jusqu’à 1’56, c’est chaud sous les casques, tellement chaud qu’à l’entrée de la ligne droite des stands, mon pneu décroche et je suis carrément éjecté. La moto finit sa course au milieu de la piste et moi, je glisse derrière. Les drapeaux s’agitent. Au moins, je suis en face des stands, pas de poussette à me taper. | |
Les mécanos
récupèrent la moto. Je regarde les pneus, même pas usés, on avait une gomme
trop dure. Réservoir arraché. On n’en a plus de rechange, consternation
générale. Il va falloir se résigner à …Mais non, pas de panique, un mécano du box à côté a apporté un produit pour souder à froid. Sympa ! Et ça marche, la numéro 14 reprend la piste. On a sombré dans les profondeurs du classement mais l’objectif maintenant, c’est de passer la ligne d’arrivée. |
|
Un relais sans pépin, et mon coéquipier rentre au stand, la moto tourne sur une patte. Il a à peine le temps de descendre, ça commence à brûler. Vite l’extincteur. De l’essence est tombée sur le pot. Une durite mal remise. La moto est bardée de poudre. Un coup de soufflette et démontage des bougies. Verdict : il y a un cylindre qui ne donne plus. Un mauvais gravillon est passé dans le moteur et a tout dégagé. Pour le team, c’est l’abandon. Mais pour moi, pas question d’abandonner maintenant après tout le mal qu’on s’est donné. Je vais passer la ligne d’arrivée sur un cylindre. | |
Je repars des stands pour le dernier tour. La moto souffre mais elle va le faire. Encouragements des commissaires de piste, un autre pilote finit à la poussette et ça y est, le drapeau à damiers, les applaudissements du public, ça se bouscule sous le casque. | |
Il ne faut pas penser aux motos ruinées, aux heures de mécanique pour tout remettre en ligne avant la prochaine course. Pour l’instant, on va se faire une fête d’enfer. Le team s’est dépouillé grave tout le week-end et le pire, c’est qu’ils sont prêts à remettre ça. | |
Merci à tous !
|
|